Ouverture de la saison – “Diminuer la pression sur les baleines à Moorea”

Les professionnels sont trop nombreux à proposer l'observation des baleines à Moorea reconnaissent les autorités qui délivrent les autorisations. (Photo : DR)
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La saison d’observation des baleines va démarrer le 1er août pour se clôturer le 11 novembre. Sur toute la Polynésie française, 65 prestataires, sur 72 demandes, ont été autorisés à pratiquer cette activité dont 29 pour la seule île de Moorea, comme en 2022.

Alors que le code de l’environnement précise qu’ “il est strictement interdit, en tout temps et en tout lieu, de perturber de manière intentionnelle le développement naturel des espèces sauvages et des écosystèmes qui leur sont associés”, la pression sur les baleines à Moorea est importante et même trop importante reconnaissent les autorités qui, dans le même temps, rappellent que le whale watching existait bien avant la mise en place du code de l’environnement. 

Un prestataire tous les deux km de côte… énorme !

“29 prestataires ont été autorisés sur l’île de Moorea soit 1 prestataire tous les 2 km de côtece qui est énorme et porte atteinte au bien-être des cétacés. A titre indicatif, l’île de la Réunion, qui compte 210 km de côtes, autorise en moyenne par saison 5 prestataires de whale watching. Mayotte et ses 185 km de côte compte également 5 prestataires en moyenne par saison. Pour ces deux îles le nombre de prestataires est donc de 1 prestataire tous les 35 km de côte en moyenne” informe le gouvernement tout en indiquant que les arrêtés d’autorisation ont été attribués en concertation avec la Direction de l’environnement (DIREN). 

Le dilemme est clair : les demandes d’autorisations d’exercer de la part des professionnels du tourisme sont justifiées mais ces prestataires, essentiellement sur l’île sœur, sont trop nombreux. 

La DIREN a mis en place des règles d’approche et a organisé l’activité avec notamment un certain nombre de clauses strictes à respecter pour le détenteur de l’autorisation. Cela ne suffit plus aujourd’hui. 

Baleine : seulement 28 minutes de quiétude dans une journée à Moorea

“On a des études qui montrent que les baleines n’ont pas suffisamment de tranquillité : le temps de quiétude d’une baleine à bosse, en moyenne, dans une journée à Moorea est de 28 minutes sur 12 heures le week-end et d’1h30 sur 12 heures en semaine (…) Nous comprenons l’importance de l’activité touristique et économique mais nous devons penser aussi, d’un point de vue de la Direction de l’environnement, au bien-être des baleines” souligne Alexandre Vorhoest, directeur adjoint à la DIREN.

“Le whale watching existait avant le code de l’environnement, c’est devenu une activité très prisée et très lucrative, avec notamment, en Polynésie, la possibilité de mises à l’eau, nous n’allions pas l’interdire brutalement. Donc, des dérogations ont été créées avec des clauses à respecter (fournir des données d’observation, remise d’un fanion, respect du planning d’ouverture des inscriptions…). Aujourd’hui, nous devons aller plus loin et trouver un compromis entre l’activité touristique et la protection des baleines” résume t-il. 

Ne pas tuer la poule aux œufs d’or

Le point chaud se situe essentiellement à Moorea comme expliqué plus haut. La pression est moindre sur Tahiti iti, de Teva i Uta à Taiarapu, sur Tahiti nui, de Punaauia à Mahina, aux Autrales, à Raiatea et à Bora Bora. Sur cette dernière 4 prestataire seulement ont reçu l’autorisation du fait notamment qu’il n’y a qu’une passe. 

Alexandre Vorhoest mise sur la communication avec les professionnels du tourisme. “C’est l’étape que nous devons franchir avec le ministère : combien de dérogations nous autorisons pour l’année suivante et prévenir bien en amont les prestataires sur l’octroi de ces dérogations afin qu’ils puissent s’organiser et éviter les mécontentements.” “Il s’agit plus de réguler le nombre de navires que du nombre de prestataires car certains ont deux bateaux. Il faut trouver le moyen de diminuer la pression sur les baleines tout en étant le plus juste possible vis-à-vis des professionnels pour donner la même chance à tout le monde” ajoute t-il. 

Quotas ? Tirage au sort ? Aucune solution concrète n’est encore trouvée mais la discussion est ouverte.

“A long terme, préserver la ressource, protéger notre environnement est la garantie d’une activité pérenne” conclut-il. En clair, il faudra prendre des mesures pour ne pas tuer la poule aux oeufs d’or.

Les baleines au repos dans nos eaux 

Chaque année, des populations de baleines à bosse, espèces protégées du code de l’Environnement Polynésien, effectuent environ 7 000 km et profitent des eaux chaudes de nos latitudes afin de mettre bas, se reposer et favoriser les chances de survie de leur baleineau avant de repartir en Antarctique pour se nourrir. Il est important de noter que les individus adultes ne se nourrissent pas dans nos eaux (ou très peu) et en tant que mammifères marins, les nouveau-nés consomment l’équivalent de 400 à 600 litres de lait par jour. Par conséquent, il est vital pour leur survie de limiter au maximum leurs déplacements notamment ceux induits par les activités anthropiques (relatif à l’activité humaine).