Natitua Sud : atterrage réussi à Toahotu, cap sur les Australes

Natitua Sud Toahotu vers Australes
Première étape réussie à Mitirapa (Photos : ACL/LDT).
Temps de lecture : 3 min.

Natitua Sud Toahotu vers Australes
Le câble sous-marin est maintenu en surface par des bouées lors du tirage.

Feu vert météo

Stationné à Vairao depuis jeudi dernier, le Lodbrog a enfin pu passer à l’action, ce mardi 25 avril 2023, dans la baie de Mitirapa, à Toahotu. Le chantier d’atterrage du câble sous-marin Natitua Sud a débuté aux alentours de 8h30, malgré la pluie. « On a suivi les conditions météo, en faisant attention aux combinaisons du vent, de la houle, des grains orageux et du courant. On a décidé de lancer ce matin, puisque la météo est plutôt bonne dans les prochains jours : il faut entrer, mais aussi penser à sortir. C’est une question de sécurité pour le câble et les équipes », explique Olivier Herzog, chef de projet pour le compte de la compagnie Optic Marine, propriétaire du navire-câblier.

Assurer la sécurité à terre et en mer

Natitua Sud Toahotu vers Australes
80 personnes et 5 bateaux sont mobilisés sur place.

Au terme d’une heure de manœuvre pour franchir la passe et se placer dans le sens du tirage dans le lagon, le Lodbrog a commencé à dérouler le câble maintenu en surface par des bouées orange. C’est un bateau de plus petite taille qui a tracté Natitua Sud en direction du littoral, avant de passer le relais à des techniciens à pied lorsque la profondeur de l’eau n’était plus suffisante. « L’équipe vient connecter le câble au messager, puis c’est une machine qui tire le câble jusqu’à la station pour faire la connexion et des tests. Une fois que c’est fait, des plongeurs coupent les bouées de la terre vers la mer, pour immerger le câble aux endroits prévus, puis le câbler prendra le relais pour la suite de la pose. L’objectif, c’est de sortir de la baie avant la nuit. On va monitorer tout le long de la pose pour s’assurer qu’il n’y a pas de défaut », précise le spécialiste quant à cette étape sous haute tension, car cruciale.

Afin de protéger durablement la partie du câble proche de la côte, celle-ci sera ensuite enfouie dans le sable. Au total, vingt personnes sont mobilisées à terre et une soixantaine en mer, une partie d’entre elles veillant à la sécurité du chantier. « On est très proche de la route, donc on fait attention. Les équipes doivent bien se positionner par rapport au câble, car il y a un risque qu’il se tende si le navire perd sa position. La DPAM est prévenue et les pompiers sont sur site. Il y a cinq bateaux sur zone : un pour tirer, les autres pour sécuriser le plan d’eau et s’assurer que personne ne croise le chemin du câble », détaille Olivier Herzog.

Natitua Sud Toahotu vers Australes
La chambre d’atterrage de Toahotu.

Le mois prochain à Rurutu et Tubuai

Cette première étape, symbolisée par la sortie de l’eau de la traditionnelle bouée jaune à 10h30, sonne le coup d’envoi d’un mois de chantier en mer pour dérouler plus de 800 km de câble pour rallier Rurutu, début mai, puis Tubuai, deux semaines plus tard. Après une série de tests, la mise en service devrait intervenir entre juin et juillet pour ces deux îles les plus peuplées de l’archipel des Australes. Des solutions sont à l’étude pour déployer le haut débit dans les îles voisines.

Natitua Sud Toahotu vers Australes

Jean-François Martin, PDG du groupe OPT :

« On commence à bien maîtriser ces opérations »

« Entre la conception, les appels d’offres, la passation des contrats, la fabrication des équipements, l’arrivée du bateau en Polynésie, c’est l’aboutissement d’un projet de plus de trois ans à 3 milliards de francs, avec des subventions de l’Etat et du Pays. Après Honotua, Natitua et Manatua, c’est le quatrième câble qu’on pose, donc on commence à avoir l’habitude et à bien maîtriser ces opérations, en partenariat avec des entreprises internationales et locales. Manatua étant en place à Toahotu depuis janvier 2020, ça signifie aussi qu’il faut prendre des précautions pour que les deux câbles ne se superposent pas ».

Natitua Sud Toahotu vers Australes

Vairani Davio, cheffe de projet (câbles sous-marins) à l’OPT :

« On y va étape par étape »

Comment s’est passée cette première partie du chantier ?

« Nous n’avons pas rencontré de difficultés particulières. On a eu un peu peur avec les conditions météo de ce matin, mais finalement, elles sont idéales. J’espère qu’il en sera de même sur la route, parce que la pose ne fait que commencer. On fait attention pendant le tirage à cause de la tension importante sur le câble. On est très attentif à la sécurité des équipes et des badauds. Les bateaux sont là pour alerter les plaisanciers et des avis d’urgence ont été lancés par le JRCC».

Cap sur Rurutu et Tubuai, mais qu’en est-il des autres îles des Australes ?

« La question se pose depuis trois ans et demi que nous travaillons sur ce projet. On a étudié des options pour le raccordement de Rimatara et Raivavae, mais les coûts sont énormes. On ne peut pas se permettre de tout faire d’un coup. On étudie aussi les nouvelles technologies. On a pu raccorder certaines îles des Tuamotu à Natitua via des réseaux de faisceaux hertziens. La technologie avance et il y aura certainement des solutions. Une fois la mise en service d’ici juillet, on libérera des capacités satellitaires pour un meilleur confort dans les autres îles, en attendant. On y va étape par étape ».