Assemblée : citoyenneté maohi et Air Tahiti Nui préoccupent l’opposition

Avant l'ouverture des débats, une minute de chant et de prière a été observée par le gouvernement et les représentants pour les victimes du conflit israélo-palestinien ainsi que les pèlerins polynésiens bloqués. Benoît Kautai et Nicole Sanquer ont interpellé le président Brotherson sur la citoyenneté maohi et sur la situation d'ATN, lors de la troisième séance de la session budgétaire à l'APF. (Photo : SB/LDT)
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Lors de la troisième séance de la session budgétaire à l’Assemblée de la Polynésie française (APF), ce jeudi 12 octobre, le gouvernement, plus précisément le président Brotherson, a été interpellé par le maire de Nuku Hiva et représentant Benoît Kautai, dans un premier temps, et ensuite par la représentante non-inscrite, Nicole Sanquer, respectivement sur les contours de la citoyenneté maohi, voulue par le parti au pouvoir, et sur les actions à venir pour sauvegarder la compagnie au tiare, Air Tahiti Nui (ATN).

Citoyenneté exclusive ou inclusive

“Un projet aux contours extrêmement flous”. C’est dans ces termes que le président de la Communauté de communes des Îles Marquises (CODIM) Benoît Kautai, a décrit la citoyenneté maohi, argument de campagne du Tavini huiraatira et dont la promotion est faite par le député Le Gayic, dans les communes, depuis déjà quelques semaines.

Le Haikaiki a interrogé le chef de l’exécutif sur les tenants et les aboutissants de l’institution d’une telle reconnaissance juridique. Qui pourrait prétendre à cette citoyenneté ? Seuls les autochtones, ce qui implique un droit du sang, pourraient en bénéficier ? Est-ce que le gouvernement souhaite s’engager vers une citoyenneté exclusive ou au contraire inclusive ? Autant de questionnements soulevés par le représentant à l’assemblée.

“Réfléchir ensemble et pas les uns contre les autres” 

Autre problématique, sur ce projet de citoyenneté, soulevée par le maire de Nuku Hiva : la sémantique du terme  “maohi”. Selon Benoît Kautai, ce mot n’est pas approprié à la population des Marquises, les “Enata” ou “Enana”. Assimilé le peuple marquisien au terme “maohi” serait, selon le représentant, un “non sens”, quand on sait que le mot signifie, aux Marquises, “indigène” (qui se rapporte à la nature) ou “saisir, retenir, adoption…”

Dans sa réponse, le président du Pays, a expliqué à l’élu des Marquises que, si la notion de citoyenneté reste floue, c’est dans une optique d’ouverture au débat démocratique, et ce, avec tous les archipels. Avant de préciser que la citoyenneté maohi se voudra inclusive avec pour objectif principal d’être “un moyen juridique d’assurer la protection de l’emploi local et de contrôler la spéculation foncière.”

Selon le président, qui invite Benoît Kautai à ne pas “confondre identité et citoyenneté”, “le chemin vers la citoyenneté nous laissera à tous le temps de réfléchir ensemble et non pas les uns contre les autres”, cela afin de trouver, si nécessaire “un terme plus consensuel”, pour la définir.

Quatre milliards de déficit attendus pour 2023 chez ATN

Deuxième personne a interrogé le président, Nicole Sanquer, représentante non-inscrite à l’APF. Celle-ci sollicite Moetai Brotherson sur les actions à venir pour sauvegarder la compagnie au tiare face à la concurrence… ATN, un David contre Goliath sur l’échiquier aérien. Pour l’ex-candidate à la présidence du Pays, il est important de rapidement trouver des solutions pour faire face, entre autres, à la suroffre et au déficit de la compagnie, estimé pour fin 2023, à quatre milliards de francs.

Selon le chef de l’exécutif, “les points de vigilances sont nombreux”. Il faut, selon lui, que la compagnie “se réinvente au niveau commercial et marketing pour faire face à la concurrence” et qu’il y ait une “diversification des activités”. Il cite par exemple la réouverture de la ligne Tahiti-Japon, prévue pourtant de longue date.

Moetai Brotherson a indiqué qu’il n’est pas prévu pour le moment d’injecter de l’argent dans la compagnie, les “réserves étant suffisantes”. Il veut “accompagner les équipes de revenue management (personnel chargé de l’optimisation de la rentabilité d’un établissement NDRL), des commerciaux et des équipes marketing” de la compagnie en respectant “son ADN pour que le voyage continue.”

Réponse loin de satisfaire Nicole Sanquer, qui, sortie de l’hémicycle, admet “rester sur sa faim” et espérait qu’on lui communique un cap et un plan d’action pour la compagnie, alors que la concurrence se fait de plus en plus forte, notamment avec les cinq rotations hebdomadaires d’Air France. La représentante précise qu’elle aurait souhaité que le président parle de la suroffre et de son rôle de “régulateur” de la compagnie.