Bagarre à Vaiare, un muto’i interdit d’exercer pendant un an

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Le 26 juin 2021, une bagarre avait éclaté sur le quai de Vaiare à Moorea entre un détenu en permission et des policiers municipaux de Papeete. Après une audience interrompue par le malaise d’un magistrat en mars dernier, le procès s’est conclu le 27 juin 2023 par les plaidoiries de la défense. L’un des muto’i a été relaxé, un autre a écopé de 18 mois de prison avec sursis, mais à surtout désormais interdiction d’exercer un métier dans la fonction publique pendant un an.

C’est pour “une journée de cohésion” que plusieurs policiers municipaux de Papeete et de la Direction territoriale de la Police nationale (DTPN) sont rassemblés sur un motu de Moorea ce jour-là. Une cohésion qui semble avoir été trouvée avant tout près des glacières, l’ensemble des protagonistes étant fortement alcoolisés au moment des faits, au point que, selon l’instruction, certains avaient dû être portés par des collègues pour réussir à monter dans le bateau les ramenant à Papeete. 

C’est sur ce quai, pour un échange de regard entre un policier municipal et un détenu en permission qu’il reconnaît malgré l’ivresse, que la rixe débute près de l’embarquement, puis après une poursuite, dans la maison d’une famille voisine du quai qui n’avait rien demandé. Sur place, deux des prévenus, un muto’i et un de ses amis invité à la fête avait malmené les propriétaires, en molestant quelques-uns, puis en jetant des objets sur un des hommes poursuivis qui s’était réfugié dans leur garage, une barre à mine à la main.

Après les faits, le juge des détentions et de la liberté n’avait pas jugé bon de suspendre les agents. Le procureur avait alors écrit au Haut-commissaire, qui lui, avait demandé à ce que les agents concernés soient démis de leur fonction. Depuis les faits, ils sont toujours employés par la mairie de Papeete, mais dans d’autres services.

“Une expédition punitive”

A l’audience, la procureure avait mis en avant le déroulé des faits, notamment le déboulé dans une maison familiale d’un inconnu portant sa petite fille dans les bras, poursuivi par deux autres hommes en furie qui n’avait pas hésité à frapper les occupants de la maison qui tentaient de leur barrer le passage. Après avoir endommagé un portail, ils avaient jeté plusieurs objets, notamment un vélo et une mini moto d’enfant sur l’homme qui tentait de leur échapper. Un accès de violence sous les yeux de plusieurs mineurs qualifié “d’expédition punitive” par la procureure, qui rappelait ensuite le taux d’ébriété très important des prévenus en ajoutant : “l’ivresse sur la voie publique est interdite”, encore plus lorsqu’il s’agit de représentant de la loi tenu à un devoir d’exemplarité. Elle s’étonnera enfin qu’aucun des autres policiers, notamment les plus gradés, n’ai rien fait pour mettre fin à ce déchaînement de violence.  

Aujourd’hui, leurs avocats ont tenté, ou bien d’exclure leur client de la rixe, de minimiser leurs responsabilités, en tout cas de plaider avec conviction le fait qu’aucun d’entre eux n’était l’instigateur de ce combat en mouvement.

L’un d’entre eux, affecté à la surveillance du marché depuis les faits, devrait pouvoir enfiler de nouveau l’uniforme de muto’i. Relaxé, même s’il a été présenté comme le premier provocateur par le ministère public. Il avait terminé au sol puis sur le bateau, sans distribuer un seul coup. Celui décrit par les témoins comme le plus virulent en revanche, qui a toujours déclaré avoir voulu calmer la situation, écope d’une peine de 18 mois de prison avec sursis et d’un an d’interdiction d’exercer un métier dans la fonction publique. Soutenu par sa direction présente à l’audience, sa réintégration à l’issue de sa peine ne devrait pas poser de problème. Le troisième prévenu, civil en état de récidive, est condamné à douze mois de prison avec sursis.

Le montant cumulé des dommages et intérêts qu’ils vont devoir verser aux victimes, les deux personnes poursuivies et frappées et la famille envahie, s’élève à près de 600 000 francs.