Programme d’éducation thérapeutique – 120 enfants obèses accompagnés par le Fare Tama Hau 

(Photo : Facebook To'u Tino To'u Ora)
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Laurence Bonnac.

“Il nous paraissait important de pouvoir répondre à la demande des jeunes et des familles dont les enfants sont en situation d’obésité. C’est une priorité de santé du pays et une problématique qui touche beaucoup de domaines comme le bien-être et la prévention” explique Laurence Bonnac, médecin pédiatre et directrice du Fare Tama Hau, établissement public administratif dédié aux enfants et aux jeunes de 0 à 25 ans. 

L’établissement participe, comme d’autres structures du pays, au programme d’éducation thérapeutique destiné à accompagner de façon globale des patients atteints de maladies chroniques. Parmi ces maladies, l’obésité et notamment celle des enfants, qui intéresse plus particulièrement le Fare Tama Hau. 

Ainsi, à la demande des familles, recommandées par leur médecin, l’établissement suit depuis plusieurs mois quelques 120 enfants et jeunes obèses. Le programme consiste en un accompagnement global de longue durée pour voir aboutir des résultats. Educateurs spécialisés, éducateurs sportifs, psychologues, diététiciens, infirmiers, médecins sont mobilisés pour prendre en charge les jeunes patients. 

Les familles s’engagent pour une année minimum

“Nous procédons d’abord à un bilan médical, voire biologique qui permet de voir parfois, déjà, des perturbations sur le plan métabolique (le foie, les reins…). Cela interpelle les familles. Par la suite, l’enfant ou le jeune est suivi une fois par mois par un diététicien qui travaille sur la composition d’une assiette et le rythme alimentaire ; le patient participe deux fois par semaine à des activités physiques adaptés délocalisées à Punaauia, Pirae et Mahina. Ce n’est pas du sport mais une façon de réhabituer le jeune à l’effort physique, au plaisir de jouer, de bouger son corps” détaille Laurence Bonnac. Six groupes ont ainsi été créés dont trois groupes de 5 à 12 ans et trois groupes de 12 à 25 ans. 

L’objectif n’est pas forcément de faire maigrir mais de stabiliser l’IMC (indice de masse corporelle) et de faire évoluer les habitudes de vie aussi bien sur l’alimentation que sur les loisirs. “On a malheureusement une addiction aux écrans qui est extrêmement importante, jusqu’à 6 à 8 heures par jour, et devant les écrans, on grignote” constate la pédiatre. 

A travers les activités physiques mais aussi des ateliers culinaires, le programme se veut ludique et le moins rébarbatif possible.

Au bout de quelques mois de ce programme, l’heure n’est pas encore au bilan mais déjà le médecin fait quelques constats : “parmi les jeunes dans les groupes d’activités physiques adaptés, plus de 10% s’inscrivent dans des clubs sportifs ou de danse” dit-elle. 

Malgré tout, le chemin est encore long : “l’obésité exige beaucoup d’encadrement, des entretiens. Nous avons un phoning très important pour relancer les familles. Lorsque celles-ci intègrent le dispositif, elles signent un contrat d’engagement sur un an qu’elles peuvent renouveler car traiter un problème d’obésité, c’est minimum deux ans”.

En Polynésie française, 40% de la population est en obésité et 70% en surpoids. Cette problématique affecte les plus jeunes avec 16% d’enfants de 7 à 9 ans obèses et 36% en surpoids. Plus la maladie commence tôt, plus les dégâts sont importants sur les reins, le cœur, les artères, le squelette… Les causes originelles sont l’abandon de l’alimentation traditionnelle, l’introduction d’aliments manufacturés et la sédentarité. 

Le dispositif d’éducation thérapeutique du patient, financé par la direction de la Santé via le fonds de prévention sanitaire et social, devrait se développer au fenua. Il semble être, en tous cas, plébiscité par les professionnels qui y voit un “système vertueux puisqu’il fait de la prévention tertiaire (qui réduit les risques de complications)” comme cela a été dit le 18 juillet lors du séminaire des coordinateurs du programme d’éducation thérapeutique du patient organisé par la direction de la Santé et le Centre hospitalier de Polynésie (CHPF).