Après avoir bu 22 obus, il frappe sa femme et lui casse une dent

(Photo : DR)
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Un homme de 32 ans était jugé en comparution immédiate le 8 juin 2023. Quatre jours plus tôt, il avait été interpellé après un appel de sa femme aux forces de l’ordre. Alcoolique chronique, il avoue ce soir-là avoir précisément bu 22 obus, 11 litres de bière, avant de s’en prendre à sa femme devant leur fille de huit ans. L’homme au casier bien rempli a été condamné à 18 mois de prison ferme et 18 mois de sursis.

Comme chaque week-end, Keanui (prénom d’emprunt) se livre à sa spécialité favorite, la bière. En compagnie de sa femme et de sa fille de huit ans, il quitte le domicile vers 14 heures pour retrouver des amis et débuter la soirée mousse. Mariée depuis 2012 avec le prévenu, sa femme sait que ça va mal tourner. C’est le cas vers 23 heures, il commence à l’insulter. Ça n’est pas la première fois qu’il la menace et devient violent, seulement, il est tellement ivre que les lendemains de cuite, il dit toujours ne se rappeler de rien. Pour qu’il se rende compte de son état, la jeune femme commence alors à le filmer, avec pour objectif de lui montrer la vidéo le lendemain matin. Ça n’est pas du goût du jeune homme bourru qui reconnaît alors avoir jeté le téléphone à travers une fenêtre, puis donné une gifle à la victime.

Le président du tribunal revient sur les constatations des gendarmes et le rapport médical qui mettent en avant de nombreuses ecchymoses sur le corps de la jeune femme. Des hématomes, des traces de griffures et des dermabrasions sur les bras, les jambes, une lèvre ouverte et une dent en moins. “Ça fait beaucoup de bleus pour une baffe”, commente le président du tribunal. Le prévenu maintient qu’il n’a mis qu’une gifle. “Peut etre que vous l’avez frappé et que vous avez oublié ?”. “Peut-être”, répond le prévenu. Le regard noir et l’air méchant, le visage de l’homme costaud aux imposants tatouages commence à changer lorsque sa femme se lance dans un long monologue à la barre. Elle lui reproche des coups, mais aussi des adultères “avec des filles mineures, j’ai trouvé des vidéos dans son téléphone”. Elle dit qu’il la menace à chaque fois qu’elle veut le quitter. On passe à un niveau supérieur de malaise quand on apprend que l’homme, parmi moultes condamnations pour des faits de violence, près d’une dizaine, a aussi fait de la prison pour une agression sexuelle sur mineure. La victime avait douze ans, et c’était la petite sœur de sa propre femme. Le regard n’est plus noir, mais fuyant. L’air n’est plus méchant mais effacé, presque honteux. La jeune épouse, qui va bientôt quitter le territoire pour faire l’armée, apporte le devis de ses soins dentaires, 310 000 francs. Elle réclame au total un million de francs pour ses soins et son préjudice moral.

La défense recadre les débats

Après de sévères réquisitions du procureur, qui demande notamment le retrait total de l’autorité parentale au père qui selon lui, minimise les faits, son avocate tente d’atténuer le choc reçu par toute la salle après le témoignage de sa femme. Elle rappelle qu’aujourd’hui, on juge le prévenu pour un seul fait de violence, celui du 4 juin et rien d’autre. Pour le conseil, son client ne minimise pas ses actes, avec tout l’alcool ingurgité il ne s’en rappelle tout simplement pas “ça n’est pas de la mauvaise fois” ajoute-t-elle. Elle se dit également choquée que le procureur suggère de lui retirer l’autorité parentale. “Il y a des procédures pour évaluer si, oui ou non, il est un bon papa. On n’est pas là pour ça”.

Une demande entendue par le tribunal qui laisse l’autorité parentale au père. Il est condamné à 36 mois de prison, dont 18 mois avec sursis. Il a interdiction de rentrer en contact avec son épouse et devra lui verser 600 000 francs, mais aussi 150 000 francs pour l’enfant. 

Y.P