Politique agricole : quelles mesures pour quels besoins ?

Informer les acteurs du secteur primaire et recueillir leurs doléances, c’est l’objectif de la tournée en cours des services du Pays dans les communes de Tahiti et Moorea (Photos : ACL/LDT).
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Mercredi 29 novembre 2023, une centaine d’agriculteurs, d’éleveurs et de pêcheurs de la Presqu’île ont participé à une rencontre à l’initiative de la commission agricole de l’Assemblée de la Polynésie française, à la salle omnisports de Toahotu. Des représentants du Ministère et de la Direction de l’Agriculture (DAG), de la Chambre de l’Agriculture et de la Pêche Lagonaire (CAPL) et de l’EPIC Vanille, un vétérinaire de la biosécurité et des élus communaux ont contribué à cette quatrième réunion, après Pao Pao à Moorea, puis Papara et Vairao à Tahiti.

“Donner des informations et entendre les problèmes”

De façon collective, puis en groupe, les intervenants ont pris le temps d’échanger avec les professionnels présents. “Il y a encore des confusions entre la DAG et la CAPL, par exemple. Les gens s’y perdent et ils ne connaissent pas toutes les aides proposées. Et nous-mêmes, il y a des données à harmoniser entre services pour mieux communiquer. Cette rencontre, ce n’est pas seulement pour leur donner des informations, mais aussi pour entendre leurs problèmes. Ce qui revient souvent, c’est la perte de foncier face à l’urbanisation”, confie Jean Taimana, agent à la DAG depuis 1983, qui a fait de la proximité son cheval de bataille. Depuis trois ans, ce conseiller technique est d’ailleurs basé à la mairie de Toahotu “par rapport à la politique du gouvernement d’être plus proche de la population”.

D’autres rencontres à Tahiti et Moorea

Une initiative qui satisfait les usagers de Taiarapu-Ouest et les tavana, dont Charline Saint-Saëns, maire déléguée de Toahotu. “Comme la DAG, on aimerait bien que tous ces services soient représentés chez nous. C’est ma demande, parce que les petits agriculteurs ont souvent du mal à se déplacer et c’est un frein dans leur développement”, estime l’élue, en espérant que ce travail à la source portera ses fruits.

D’autres rencontres seront programmées à Tahiti et Moorea, notamment à Mataiea, Papeari et Papetoai, complétées par des visites dans des exploitations. “Faute de budget”, pour l’instant, aucun déplacement conjoint ne serait prévu dans les îles.

Mitema Tapati, président de la commission de l’agriculture, de l’agroalimentaire, de l’élevage et du développement des archipels à l’Assemblée :

“Ça passera par des modifications ou de nouveaux textes de loi et dispositifs”

“La commission souhaite renseigner les acteurs du secteur primaire par rapport à l’importance du challenge qui nous attend, surtout en matière d’autonomie alimentaire du Pays. La principale problématique, c’est le foncier. Il y a aussi tout ce qui relève du matériel et des équipements pour faciliter le travail. Certains découvrent des aides qu’ils ne connaissaient pas. On veut aussi les encourager à se réunir en association ou en coopérative au lieu de travailler chacun dans leur coin, parce que les aides individuelles coûtent très cher au Pays. Tout est pris en note pour affiner notre stratégie dès l’année prochaine pour répondre au mieux aux besoins des agriculteurs. Ça passera par des modifications ou de nouveaux textes de loi et dispositifs. La prochaine étape, ce sera d’aller dans les fa’a’apu, à partir de janvier ou février”.

La parole aux agriculteurs

Teiki, 39 ans, agriculteur à Papara : “En ce moment, on plante des citrons, des taro, des bananes et des ananas. On a essayé de planter du pota ou des choux, mais on a trop d’insectes nuisibles. On aimerait bien se diversifier en nous lançant dans la vanille. Je suis venu me renseigner pour savoir quelles sont les aides de l’EPIC Vanille pour aller de l’avant sur ce projet. On rencontre aussi des problèmes de foncier, donc je vais voir si quelqu’un peut me renseigner à ce sujet et trouver une solution”.

Augustin, 70 ans, agriculteur bio à Vairao : “C’est la première fois que je participe à une réunion avec tous les services rassemblés. Je n’ai jamais eu d’aide, j’ai toujours fonctionné sur fonds propres, mais ils commencent à baisser. Je suis venu voir si ça peut être rétroactif. J’ai aussi un projet pour gagner en autonomie au niveau de l’eau et du solaire, mais est-ce que ça peut être accompagné ? Je veux montrer aux agriculteurs que c’est faisable pour le bien de notre environnement. Mais c’est difficile, car c’est un projet-pilote, d’où ma question”.

Terehau, 28 ans, vanilliculteur à Toahotu : “J’ai deux serres, bientôt trois. Je suis d’abord venu écouter les nouvelles et ce qu’ils proposent au niveau de leur vision par rapport aux jeunes comme moi, la nouvelle génération d’agriculteurs. A mon niveau, j’ai pu bénéficier d’aides comme l’ICRA (Insertion par la Création ou la Reprise d’Activité, ndlr) et des défiscalisations d’engins pour m’agrandir et me diversifier. Mais il en existe peut-être d’autres qui pourraient m’intéresser pour me développer”.

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