Perles noires, un faux négociant de 70 ans condamné à six mois ferme

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Un retraité de l’OPT qui s’était lancé dans la vente de perles sans carte de négociant a écopé d’une peine de trois ans de prison, dont six mois ferme, le 17 octobre 2023. Une bijoutière mise en cause pour recel est condamnée à six mois de prison avec sursis. Ils devront solidairement rembourser près de 20 millions aux producteurs arnaqués.

Un taux de rentabilité exceptionnel

Entre décembre 2018 et février 2019, l’homme de 70 ans s’est porté acquéreur de plusieurs lots de perles d’une valeur totale de plus de 20 millions de francs. Selon son témoignage, quelque temps auparavant, il avait avancé 800 000 francs à un ami qui, trois heures plus tard, lui avait ramené 1,2 millions, un taux de rentabilité exceptionnel qui donne au prévenu l’envie de se lancer, alors qu’il n’est pourtant pas en possession d’une carte officielle de négociant.

Des virements qui n’arriveront jamais

Il rencontre alors plusieurs producteurs et applique toujours la même méthode. Il verse une petite partie de la somme due aux perliculteurs, souvent en espèces, et leur promet ensuite de leur verser le solde par virement. Pour convaincre les réticents à lui remettre les lots, il va même jusqu’à produire de faux ordres de virement. Pire encore, il donne parfois le contact d’un complice qui, par téléphone, se fait passer pour un conseiller bancaire qui confirme aux victimes l’arrivée prochaine des fonds. Des virements qui n’arriveront jamais, mettant parfois certaines victimes dans un état de précarité totale. L’un des producteurs ayant même dû retirer un de ses fils de son internat à Papeete faute de pouvoir régler ses frais de scolarité de son lycée. 

Une commerçante pas très regardante

L’autre prévenue est une commerçante de 52 ans d’origine chinoise qui travaille, achète et vend des perles depuis plus de 25 ans, à qui il est reproché d’avoir acheté des lots à ce faux négociant, sans s’être assurée que l’homme était en possession de l’agrément nécessaire. Alors qu’il sous-entend à la barre avoir été officiellement négociant il y a quelques années, la représentante du pays, partie civile pour le préjudice porté à l’image de la Polynésie, indique que non seulement l’homme ne l’a jamais été, mais n’en a tout simplement jamais fait la demande. 

“Le sommet de l’iceberg”

Pour le procureur, le dossier est “le sommet de l’iceberg” d’un marché de la perle parallèle que le Pays peine à contrôler. Elle insiste sur les manœuvres frauduleuses du retraité, déjà condamné en 2017 pour les mêmes faits. Elle pointe ensuite du doigt la mauvaise foi caractérisée de la commerçante qui nie les faits, alors qu’elle ne pouvait ignorer, forte de son expérience, la nécessité de vérifier le statut de négociant du vendeur avant de valider la transaction. Le tribunal condamne le négociant autoproclamé à 36 mois de prison, dont six mois ferme. La commerçante écope d’une peine de six mois de prison avec sursis. Ils devront solidairement rembourser plus de 18 millions de francs aux producteurs floués.

YP