Chantier à La Mission – A Tia No te Aru alerte sur la déforestation

Avec 570 plantes endémiques, soit un taux endémique de 63 %, la flore primaire de Polynésie française est l'une des plus originales de toutes les collectivités française d'outre-mer avec celle de la Nouvelle-Calédonie. (Photo A Tia No te Aru)
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La destruction des forêts préoccupe l’association de protection de la nature, A Tia No te Aru depuis l’ouverture du chantier sur les “Hauts du Tira” à La Mission. Une inquiétude qui se renforce à mesure que les forêts polynésiennes disparaissent sous le poids des constructions et des aménagements entrepris dans le cadre de la promotion immobilière.

Réviser le plan général d’aménagement et la loi Pinel

Le fondateur de l’association A Tia No te Aru, Terava Teihotaata déplore qu’il n’y ait pas eu de concertation citoyenne autour du projet. En effet, “le sentier des Hauts du Tira permettait aux habitants de sortir de leur quotidien et de se changer les idées” ajoute un résident du quartier présent lors du sit-in de protestation contre un projet immobilier.

(Photo : A Tia No te Aru)

Lors de cet événement, plusieurs zones d’ombre dans la construction du projet ont été pointées du doigt, notamment le non-respect de la loi en matière d’abattage d’arbre et un plan général d’aménagement (PGA) caduque. Celui-ci vient encadrer le développement urbain de la ville de Papeete et comprend des orientations de planification et des règles de construction spécifiques à chaque zone (zone d’équipement, zone d’activité, zone naturelle, etc.)

Or, l’association regrette que les enjeux écologiques qui en découlent ne soient pas suffisamment pris en compte dans ces plans d’aménagement élaborés en 2003. Elle souhaite donc tirer la sonnette d’alarme et engager la transition vers un développement urbain du territoire plus inclusif, durable et respectueux de l’environnement.

“Nous ne sommes pas contre la construction de logements, nous sommes contre l’aménagement sauvage de notre territoire qui fait fi des règles de droit en matière d’environnement” précise Terava qui reconnaît le dynamisme du secteur de la construction dans l’économie polynésienne.
Effectivement, le rapport de l’Institut d’émission d’outremer (IEOM) précise que le parc polynésien en matière de logements privés est passé de 88 000 à 95 000 en 2021.  L’offre de logements collectifs est dynamisée par les incitations fiscales, mais reste peu attractive pour les résidents. Un déséquilibre auquel souhaite remédier l’association qui préconise une révision voir une suppression de la loi Pinel pour lutter contre la flambée des prix.

Un défi de taille à relever

Le rapport du CIRAD, l’organisme français de recherche agronomique et de coopération internationale pour le développement durable des régions tropicales et méditerranéennes, souligne que la conservation des forêts naturelles et la préservation d’une flore primaire originale mais très fragile constituent un défi de taille à relever pour les gestionnaires.
Il affirme aussi qu’une gestion effective et efficace ne pourra se faire sans une plus grande information, formation et participation des populations et des décideurs locaux.

Actuellement, la Polynésie française compte environ 900 plantes vasculaires indigènes contre 1600 au Fidji, 2300 en Nouvelle-Zélande et 3200 en Nouvelle-Calédonie. Toutefois, avec 570 plantes endémiques, soit un taux endémique de 63 %, la flore primaire de Polynésie française est l’une des plus originales de toutes les collectivités française d’outre-mer avec celle de la Nouvelle-Calédonie.

Cette forte densité à un revers : les impacts de la destruction, de la fragmentation ou de la modification des milieux naturels s’en trouvent d’autant plus important que l’on se situe dans un archipel de petites îles. À l’heure actuelle, plus de 140 plantes endémiques de la Polynésie, soit 25 % de la flore endémique, sont considérées comme rares, vulnérables ou menacées selon la liste rouge de l’Union mondiale pour la nature.

La Polynésie française est aussi la collectivité d’outre-mer qui comporte le plus d’espèces végétales et animales menacées de disparition ou éteintes.

Tahia Wan