Ecran noir pour Gérard Leclerc, visage familier de la télé

Le journaliste français Gérard Leclerc (C) assiste à la cérémonie funéraire du journaliste français Philippe Gildas au cimetière du Père-Lachaise à Paris le 5 novembre 2018. (Photo par AFP)
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Le monde de la télévision est en deuil au lendemain de la mort dans un crash d’avion du journaliste Gérard Leclerc, visage familier des téléspectateurs depuis 30 ans et demi-frère du chanteur Julien Clerc.

“Sur nos ondes comme sur nos écrans, Gérard Leclerc fit vivre l’information et le débat durant près de cinquante ans. Sa mort prématurée, dans un accident d’avion, endeuille le monde du journalisme”, a réagi le président de la République Emmanuel Macron dans un communiqué mercredi.

“Cette disparition brutale paraît irréelle”, a lâché dans la matinée Pascal Praud, l’animateur star de CNews, dont Gérard Leclerc était l’un des chroniqueurs, lors d’une émission spéciale. M. Praud a souligné la “volonté de nuance” de son collègue et “la complicité de désaccords” qu’ils entretenaient, une allusion à la manière parfois vive dont il l’interpellait sur le plateau de “L’heure des pros”.

Autre vedette de CNews, chaîne du groupe Canal+ (contrôlé par le milliardaire Vincent Bolloré), Laurence Ferrari s’est dite “bouleversée”, à l’unisson des innombrables réactions dans le monde des médias et de la politique.

L’avion de tourisme piloté par Gérard Leclerc s’est écrasé mardi après être parti vers 11h00 de Loudun (Vienne) pour La Baule (Loire-Atlantique).

Concert

Le journaliste de 71 ans devait y assister jeudi soir à un concert de Julien Clerc, 75 ans, a indiqué sur CNews le compositeur Didier Barbelivien.

M. Leclerc était sur la chaîne depuis sa création en 2017. Auparavant, il avait été l’un des visages célèbres du service public. D’abord sur Antenne 2, devenue France 2, où il avait été chef du service économique, rédacteur en chef de Télématin ou encore directeur adjoint de la rédaction.

Il avait ensuite été rédacteur en chef du service politique, économique et social à France 3 (2007-09) puis président de La Chaîne parlementaire-Assemblée nationale (LCP-AN) de 2009 à 2015.

Il avait débuté sa carrière à la radio, notamment sur Europe 1, dont il avait épousé une grande voix, l’animatrice Julie, avec laquelle il a eu trois enfants.

Le groupe public France Télévisions a souligné ses “qualités humaines et professionnelles”. LCP-Assemblée nationale, elle, a salué “le parcours d’un grand professionnel”. Pour la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, Gérard Leclerc était un “journaliste populaire, cher au coeur des Français dont il a accompagné le quotidien pendant des années”.

Il “laissera l’image d’un homme de conviction, apprécié de ses pairs et des téléspectateurs”, a estimé le régulateur de l’audiovisuel, l’Arcom.

Unanimement louée, la carrière de M. Leclerc a toutefois connu quelques accrocs.

En 2004, il avait déploré avoir été écarté sans “motif ni explication” de son poste de rédacteur en chef du service politique de France 2. “Il faut redonner un peu de crédibilité et de vigueur au service politique”, avait commenté Arlette Chabot, alors directrice générale adjointe en charge de l’information.

Sarkozy et le “placard”

Cinq ans plus tard, sa nomination à la tête de LCP-Assemblée nationale avait été entachée d’une polémique.

Il avait été choisi par le président de l’Assemblée d’alors, Bernard Accoyer, bien qu’il ait recueilli moins de voix que son concurrent sortant devant le comité de sélection composé de députés.

Le journal Le Monde avait écrit que M. Leclerc bénéficiait “des faveurs de Nicolas Sarkozy”, président de la République. Le journaliste avait protesté contre cette “allégation” que “pas le moindre élément ne vient étayer”, dénonçant des “arguments déloyaux”.

Fin juin 2008, une vidéo du plateau du “19/20” de France 3 avait été mise en ligne sans l’autorisation de la chaîne, montrant un passage non diffusé.

On voyait Nicolas Sarkozy demander à Gérard Leclerc combien de temps il était resté “au placard”. “J’avais protesté quand tu avais été mis au placard”, lui disait-il.

“Il incarnait cette génération de journalistes qui traitait la politique avec une passion réelle”, a réagi l’ancien président sur le réseau X (ex-Twitter) mercredi à la mi-journée.

M. Leclerc avait par ailleurs signé plusieurs livres sur la gauche: deux ouvrages sur Lionel Jospin coécrits avec sa consoeur Florence Muracciole, en 1996 (pour la première biographie de celui qui allait devenir Premier ministre) et 2001, puis “La guerre des deux roses” sur les luttes intestines au PS (2006).

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