APF : l’opposition demande l’exclusion temporaire de Mitema Tapati pour ses propos racistes

Ce 9 novembre, à l'Assemblée de la Polynésie française, Lana Tetuanui et le Tapura ont demandé, au titre de l’article 24 du règlement intérieur de l'instituion, l’exclusion temporaire du représentant Tavini, et ex-pasteur, Mitema Tapati pour ses propos racistes et xénophobes tenus lors de la 4ème séance de la session budgétaire de l’APF, le jeudi 26 octobre dernier. (Photo : SB/LDT)
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On sentait qu’il se tramait quelque chose, en cette matinée du 9 novembre, à l’Assemblée de la Polynésie française (APF), lors de l’ouverture de la cinquième séance de la session budgétaire. Alors que Mitema Tapati procède à l’habituelle prière d’avant séance, le groupe Tapura est aux abonnés absents. Ce n’est qu’une fois la prière terminée que les représentants de l’opposition font leur apparition.

C’est à ce moment que Lana Tetuanui, représentante élue Tapura et sénatrice, demande la parole au président de l’APF, Anthony Géros. Ses propos sont, “on ne peut plus clairs”. Au titre de l’article 24 du règlement intérieur de l’APF, elle exige, au nom du Tapura, l’exclusion temporaire du représentant Tavini, et ex-pasteur, Mitema Tapati, pour ses propos racistes et xénophobes tenus lors de la 4ème séance de la session budgétaire de l’APF, le jeudi 26 octobre dernier.

“La France devient noire, ici nous devenons blancs”

Durant cette 4ème séance, les propos tenus par le représentant Tavini avaient été les suivants : “Nous savons tous que la Polynésie s’est blanchie (…) Je me suis rappelé d’un proche, à son retour de France, qui me disait “la France devient noire (…) la France est envahie d’Africains” (…) Oui la France devient noire, ici ( en Polynésie française, Ndlr) nous devenons blancs.” Des propos auxquels le parti de Jacky Bryant, Heuira Les verts, a aussi vivement réagi dans une publication, le 8 novembre.

L’article 24 du règlement intérieur prévoit l’exclusion temporaire d’un représentant élu de l’APF qui a tenu des propos discriminatoires, racistes ou xénophobes. Selon Lana Tetuanui, il n’y a “aucune ambiguïté” sur les propos tenus. Elle rappelle, à la même occasion, la condamnation de Ruben Teremate en 2007, alors représentant Tavini de l’UPLD, pour avoir comparé à des bambous les habitants des lotissements de Punaauia, à majorité blanche. Ce même Ruben Teremate, qui siège à la majorité aujourd’hui.

“Notre Pays, riche de sa diversité”

Pour la sénatrice, “il n’ y a, en 2023, aucune place, dans le débat démocratique, à des allusions à la couleur de la peau des hommes et des femmes qui composent notre Pays, riche de sa diversité. Le racisme et la xénophobie doivent être bannis de notre hémicycle et de notre société. Il y a des propos que nous ne devons jamais prononcer et auxquels nous ne devons jamais nous habituer et ce, quelque soit notre appartenance politique ou idéologique.”

A cette demande d’exclusion, en application de l’article 24, Antony Géros n’a pas donné suite… Absence de réaction du président de l’APF qui fait réagir l’opposition qui quitte alors immédiatement l’hémicycle. Lana Tetuanui renvoie la majorité Tavini à ses ” trois “F” si chers à leur propagande… fa’atura (respect) où est le mot fa’atura aujourd’hui ?”

Interrogée sur la possibilité de porter l’affaire devant la justice : “on verra bien, cela sera étudié.”

“Où est le racisme dans tout ça ? C’est eux les racistes”

Au retour de séance, suspendue pour procéder à l’inauguration du 8e salon des Tuamotu-Gambier, Oscar Temaru, président du Tavini, prend à son tour la parole et réagit aux propos de la sénatrice. Selon lui, qui présente sa carte maohi, “le raciste, c’est celui qui refuse de reconnaître qui nous sommes. C’est eux les racistes (gouvernement français, Ndlr) (…) Une personne ayant vécu en Polynésie française au moins dix ans peut demander sa carte, son identité maohi.”

A titre d’exemple, il prend le cas du ministre de la santé, Cédric Mercadal. “On a un ministre de la Santé qui ne parle pas du tout tahitien. Où est le racisme dans tout ça ? C’est eux, les racistes, c’est eux qui refusent de reconnaître qui nous sommes dans notre personnalité, dans notre culture, dans notre philosophie politique. J’ai ma carte maohi, je suis fier de l’être. »

Article 24 du règlement intérieur de l’APF