Assises : 15 ans de prison pour le viol de son ex-compagne

I'agresseur a menacé notamment la victime de la pénétrer avec un pieu en bois trouvé sur place. (Photo : DR)
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Un homme de 36 ans était jugé par la cour d’assises de Papeete pour avoir séquestré et violé son ex-compagne en avril 2021 à Arue. Après un premier acte de violence sexuelle sous un pont, il avait séquestré la jeune femme de 27 ans une nuit entière avant qu’elle ne réussisse à s’échapper pour aller porter plainte. À l’issue de deux jours de procès, l’homme, qui n’a cessé de dire que la victime était consentante, a été condamné à 15 ans de réclusion criminelle.

Le couple, formé il y a plus de dix ans, a deux enfants. L’homme est décrit comme extrêmement possessif, violent, jaloux et en même temps infidèle. C’est lorsqu’il met enceinte une jeune femme de 15 ans de moins que lui que la victime décide de le quitter. Une rupture que l’accusé n’a jamais acceptée et qui conduit quelques semaines plus tard à cette soirée d’horreur.

Il menace de la pénétrer avec un pieu en bois

Alors qu’il rejoint la victime près d’un magasin, il  commence par l’embrasser de force puis réussit à l’amener sous un pont isolé à l’abri des regards. C’est dans cet environnement sale et boueux qu’il la force tout d’abord à pratiquer une fellation, la frappe, puis lui impose un premier rapport sexuel en  menaçant notamment de la pénétrer avec un pieu en bois trouvé sur place. Il l’amène ensuite de force passer la nuit dans un cabanon près de la maison d’un oncle où il la viole de nouveau.

Après une première journée consacrée aux faits et aux témoignages du nouveau concubin et de la mère de la victime, les experts psychologues et psychiatres ont décrit l’accusé comme un homme à la jalousie maladive qui n’a jamais voulu intégrer que la jeune femme pouvait refaire sa vie. “C’est sa chose”, dira l’avocat général lors de ses réquisitions. Un procès où l’accusé, s’il reconnaît des violences, nie les viols en indiquant qu’elle était, selon lui et lui seul, consentante.

Etat de choc

Une divergence de version qui se retrouve également dans la description du déroulement des faits, la victime ayant légèrement changé de version entre sa première audition et le procès. Une chose est sûre, lorsqu’on voit le pieu en bois avec lequel l’homme l’a menacé sous ce pont, ainsi que les séquelles des actes de violence qu’elle a subi, comme un tympan perforé et de marques défensives sur les avant bras, on a du mal à croire au consentement décrit par l’accusé qui lui casse également son téléphone sur la tête lorsqu’il trouve la photo dans un autre homme dans le smartphone. Lui peut coucher avec d’autres, mais elle n’a pas le droit de refaire sa vie. Il l’aime et n’imagine pas la vie sans elle.

La défense met en avant le fait qu’elle aurait pu s’enfuir, notamment lors d’un passage au fast-food, la victime et son conseil décrivent alors l’état de choc dans lequel elle se trouvait. Pendant dix ans, elle a subi les coups de l’accusé, “tous les deux jours” dit-elle. Ce jour-là, elle dit qu’elle sait jusqu’où il peut aller, ayant déjà menacé de se suicider ou même de s’en prendre aux autres membres de sa famille.Elle rentre alors dans son jeu et n’a pas d’autre choix que de lui faire croire à la possibilité d’entretenir leur idylle pour ne pas subir de nouvelles violences. Elle réussit finalement à s’enfuir le lendemain et va porter plainte à la gendarmerie d’Arue.

“Un viol sanction”

L’avocat général revient sur un lapsus de l’accusé qui, en décrivant les faits, a dit “le jour du drame…”. Pour le représentant du ministère public, c’est un lapsus révélateur, son subconscient a bien parlé d’un drame, et le subconscient ne ment pas. Pour lui, c’est bien de force qu’elle se rend sous ce pont, c’est donc bien un enlèvement. Les coups puis la menace du pieu en bois constitue bien les faits de viols.”Un viol sanction” dit-il, pour qualifier ces rapports imposés qui ne découlent pas réellement de pulsions sexuelles selon l’avocat général. “Il voulait la punir” dit-il, rappelant au passage qu’une ex de l’accusé a, elle aussi, décrit les mêmes types de comportement tyraniques et violents. 

L’avocat de la défense revient sur les différentes manières dont la victime à décrit les faits. Elle pointe du doigt ce qu’elle considère comme des incohérences chez la victime, alors que son client n’a jamais changé de récit. Une opposition des versions du drame qui selon l’avocate crée le doute, et “le doute doit toujours profiter à l’accusé“.

Un doute raisonnable que n’ont pas retenu les jurés qui condamnent l’homme à 15 ans de réclusion criminelle.

YP