Déchets et biodiversité : les lycéens de Taravao sensibilisés aux bonnes pratiques

Pour éveiller les consciences, l’association Océania a présenté le contenu stomacal d’un cachalot mort de faim après avoir ingéré trop de plastique (Photos : ACL/LDT).
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C’est un sujet sans cesse rabâché, et pour cause : au Fenua, des bénévoles continuent de ramasser des tonnes de déchets laissés à l’abandon dans la nature. Inculquer les bons gestes dès le plus jeune âge, c’est le pari de l’éducation.

Depuis une dizaine d’années, la Semaine Européenne de la Réduction des Déchets (SERD) est devenue un rendez-vous incontournable au lycée polyvalent Taiarapu Nui de Taravao, labellisé éco-lycée depuis 2010. Pour cette nouvelle édition, une matinée était organisée, jeudi 23 novembre 2023, sous la forme de 8 ateliers thématiques animés par des associations et des professionnels (Fenua Ma, Manu SOP, Océania, Nana Sac Plastique, Eco-Vrac), mais aussi par des professeurs et des élèves.

Huit ateliers pour éveiller les consciences

Dans la salle de classe réservée à l’association Océania, les lycéens étaient captivés, partagés entre émerveillement face au chant des baleines et désolation quant aux conséquences de la surconsommation. “On essaie de faire prendre conscience que nos moindres petits gestes, comme jeter une bouteille en plastique par terre, ont des répercussions sur toute la vie marine : le corail, les poissons, les cétacés et toute la chaîne alimentaire, y compris nous. Cette guirlande représente le contenu stomacal d’un cachalot autopsié en Indonésie, où il est mort de faim car son estomac était rempli de déchets. Et ce n’est pas un cas isolé”, prévient Charles Mars, responsable éducation sensibilisation, accompagné de Milla Habelt, service civique en cétologie.

Moins consommer, ou consommer plus intelligemment, passe par des alternatives. Investir dans une gourde aux couleurs du lycée, maîtriser le tressage du pae’ore ou faire ses propres jus de fruits locaux sur un vélo-smoothie font partie des solutions ludiques qui ont été présentées. Tous les domaines sont potentiellement concernés, comme nous l’explique Cédric Georges, professeur de Finitions et Aménagement des bâtiments. “On est parti d’un projet en co-intervention sur les peintures ancestrales tinctoriales. On fait des recherches et des expériences à partir de différents fruits, sèves et pigments naturels. En attendant d’être au point, on propose un atelier sur les peintures comestibles, déjà connues en Occident, à base de farine ou d’œuf, par exemple, comme alternative aux peintures chimiques industrielles. Les élèves voient que ça fonctionne, et ça les motive à aller plus loin”.

“C’est un travail de tous les jours”

Pour Heiani Malateste, professeure de Biotechnologie, Santé et Environnement, référente éco-lycée et coordinatrice de la SERD, le message est double : réduire les déchets et préserver la biodiversité. Bien sûr, une matinée ne suffit pas à venir à bout du problème. “C’est un travail de tous les jours. Au lycée, on a mis en place tout un mécanisme de tri, avec les poubelles noires et vertes de base, mais aussi des îlots verts sous forme de maisonnettes pour y déposer tout ce qui est recyclable, des bornes à piles, des composteurs, etc. On récupère aussi les cartouches d’encre et les déchets électroniques. Encore faut-il que tout le monde le fasse correctement”.

Environ trois cent élèves ont bénéficié de ces ateliers, tous niveaux confondus, tandis que les éco-délégués du lycée ont visité les classes qui n’ont pas pu se déplacer.

Jérôme Le Guillou, proviseur du lycée polyvalent Taiarapu Nui, accompagné de Heiani Malateste :

“On peut toujours faire mieux, comme en matière de photovoltaïque”

“En Polynésie, les actions en milieu scolaire autour du développement durable sont plus avancées qu’en métropole. Les élèves sont forces de proposition dans ce domaine et très impliqués, en sachant qu’on accueille aussi des élèves du collège de Taravao, venus animer.

Le lycée Taiarapu Nui, historiquement, a toujours été très impliqué au niveau du développement durable. Chaque année, il est primé aux Tortues d’Or. On peut toujours faire mieux, comme en matière de photovoltaïque, par exemple. La labellisation que va mettre en place le Pays va nous permettre de mieux appréhender certaines problématiques pour arriver, non pas à une autarcie complète, mais à faire en sorte que l’établissement soit un des fers de lance au niveau de la Presqu’île en termes de développement durable”.

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