Port autonome : la Chambre des comptes pointe un “défaut de vision stratégique”

(Photo Port autonome)
Ce projet, porté par le Port autonome de Papeete (PAP) depuis 2018, avec le concours actif de la direction régionale des douanes, est prévu d’être opérationnel en juin 2024, après une phase d’expérimentation avec les entreprises de la place. (Photo : Port autonome)
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Le directeur du Port autonome, Jean-Paul Le Caill, au côté de l’ancien ministre de l’Equipement, René Temeharo, lors du 60e anniversaire du Port autonome. (Photo : présidence)

“La Chambre regrette vivement l’absence de formalisation du schéma directeur de développement du Port alors même qu’une recommandation dans ce sens a déjà été faite dans son précédent rapport d’observations définitives. Ce défaut de vision stratégique validée et globale handicape à plus d’un titre l’établissement. Ainsi, le plan pluriannuel des investissements arrêté à 38 milliards de francs par le conseil d’administration (CA) fin 2021 ne tient pas compte des stratégies de développement validées.”

Le port de pêche. (Photo PAP)

La chambre territoriale des comptes (CTC) a examiné les comptes et la gestion de l’établissement public industriel et commercial du Port autonome de Papeete (PAP) au cours des exercices 2018 et suivants. Les magistrats expliquent que le contrôle a porté sur la fiabilité des comptes, la situation financière, la gouvernance, les projets d’investissements pluriannuels, les ressources humaines et la gestion du domaine.

La transition écologique se fait attendre

L’année 2020, marquée par la crise sanitaire liée à la pandémie de la COVID 19, a vu l’activité du trafic portuaire fortement impactée par une décroissance enregistrée dans tous les types d’activités (de l’ordre -7,2% par rapport à 2019) avec 1,3 million de tonnes de marchandises traitées. En 2021, la CTC souligne que les différents trafics maritimes ont stagné en raison d’une forte demande sur le transport maritime dont l’inflation des coûts d’acheminement vers la Polynésie française est une des conséquences (en 2021, en moyenne le coût du fret représente 17% de la valeur des biens importés).

“Selon la direction générale du Port, la situation se redresse en 2022. La Chambre dit regretter vivement l’absence de formalisation du schéma directeur de développement du Port alors même qu’une recommandation dans ce sens a déjà été faite dans son précédent rapport d’observations définitives”. Pour les magistrats, ce défaut de vision stratégique validée et globale “handicape à plus d’un titre l’établissement”.

Selon la Chambre des comptes, le Port autonome manque de vision stratégique. (Photo STS)

Ainsi, le plan pluriannuel des investissements arrêté à 38 milliards de francs par le conseil d’administration fin 2021 “ne tient pas compte des stratégies de développement validées”.

La chambre des comptes indique qu’elle a pris note de la réponse la direction générale de l’établissement qui souligne que le Port est sur le point d’aboutir fin 2022, date postérieure à l’instruction, à la validation de ce schéma directeur par les instances dirigeantes.

Le port autonome de Papeete, “qui doit s’inscrire dans des démarches de protection du cadre de vie et de l’environnement, en amorçant en tant qu’opérateur de premier plan, une transition écologique
et énergétique opérationnelle n’a par ailleurs pas voté sa politique dans le domaine environnemental”
s’étonne également la CTC.

“Le Port aurait à gagner à dialoguer”

La chambre souligne que la faible association du conseil portuaire à la gouvernance de l’établissement “est ancienne et a également déjà fait l’objet d’observations de la part de la Chambre dans son précédent rapport en date du 19 février 2018.”

“Le Port aurait à gagner à dialoguer et à associer les professionnels du secteur aux échéances importantes qui se présentent” indique le rapport de la Chambre territoriale des comptes. Il estime que c’est d’autant plus essentiel qu’il n’existe “aucune autre instance de concertation mise en place dans les statuts de l’établissement alors même que par leur contribution les socioprofessionnels participent au développement et à la pérennité de l’outil portuaire.”

En matière de ressources humaines, sur la période 2018-2021, la direction du Port “n’est pas parvenue à contenir l’évolution de la masse salariale”. Celle-ci est en progression à la faveur du renforcement des effectifs consécutifs aux deux réorganisations internes des services (+16, soit 154 postes budgétaires ouverts).

La charge relative au versement de l’indemnité de capital retraite a également progressé sous l’effet de l’augmentation de la durée de carrières des personnels quittant l’établissement et représente aujourd’hui un montant moyen par agent de l’ordre de 10 millions de francs en valeur nette.

Le port doit améliorer ses pratiques vis à vis de l’environnement. (Photo : archives LDT)